Les Ombres d'Elyranthe - Littératures de l'Imaginaire

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Avant toute chose, nous remercions chaleureusement tous les chroniqueurs et lecteurs qui ont pris le temps de rédiger un avis sur nos livres. 

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Mathilde, du blog Livraisons Littéraires.

 

J’ai découvert ce recueil grâce aux éditions Noir d’Absinthe et à leur auteure Sarah Buschmann. Quand j’ai vu que le livre était proposé sur simplement.pro, je n’ai pas hésité une seconde à postuler, et je remercie la maison d’édition Les Ombres d’Elyranthe pour leur confiance. C’est le premier livre publié par cette maison d’édition et l’objet-livre est juste magnifique : la couverture est un miroir flouté qui rappelle bien le thème « ombres » du recueil et le papier des pages est assez épais, ce qui est très agréable à la lecture. Ce livre rentre dans le #pumpkinautumnchallenge dans la catégorie « Les Métamorphoses ».

Je vais maintenant parler un peu de chaque nouvelle (mais pas trop quand même parce qu’il y en a quand même 19 et que certaines sont très très courtes). J’ai beaucoup aimé qu’au début de chacune d’elle, l’auteur nous dise dans quel cadre il l’a écrite (d’ailleurs, beaucoup sont tirées d’appels à thèmes de L’écritoire des Ombres) et comment il en est arrivé à ce récit. Une biographie de chaque auteur est aussi proposée à la fin du recueil. La préface était très agréable à lire et donne le ton du livre : « Il suffit d’un rien pour que les masques de la réalité se fissurent et transforment les existences, montrant le vrai visage de l’humanité. (…) Attendez-vous à tout ! » Effectivement, les thèmes, les longueurs de textes et les genres littéraires sont très variés ce qui est

d’une grande richesse ! La plupart m’ont d’ailleurs fait penser aux Contes de la Crypte : des situations banales qui tombent dans le fantastique ou l’horreur.



Monstres & Cie – Silence

Le recueil commence fort avec une courte nouvelle sur les monstres et leur commerce, dans laquelle on se rend vite compte que le véritable monstre, c’est l’homme.

Sept heures a disparu – Catherine Robert

Le temps qui passe est le thème de cette nouvelle, dans laquelle le personnage se rend compte que des minutes, voire des heures disparaissent de sa journée sans qu’il s’en aperçoive. Un récit oppressant et une fin horrible (dans le sens qu’elle est vraiment flippante :p ).

Aquariophilie – Lester L. Gore

Le protagoniste découvre la passion un peu particulière et envahissante d’un collègue pour la vie aquatique, qui va prendre un tournant étonnant quand un mystérieux livre fait son apparition. D’inspiration lovecraftienne, le récit est prenant, et la fin ironique !

Claustrophobia – Zaroff

À ne pas lire si vous êtes claustrophobique ! Une femme raconte comment son mari a perdu la raison en imaginant que leur chambre devenait de plus en plus petite et se resserrait autour de lui. Une vision extérieure de la folie, qui ne restera pas sans conséquence.

Tuer la mère – Marie Latour

Un amour et une présence maternels pesants desquels le protagoniste tente de se débarrasser en passant un pacte avec le Diable. On ne se défait cependant pas si facilement de sa mère. Un texte bien sanglant !

Corpus Christi – Philippe Blähm

Ma nouvelle préférée du recueil, dans laquelle deux enfants découvrent ce qu’est « le Corps du Christ ». Une histoire fantastique au final surprenant !

Les Masques de Carmina – Henri Bé

Le masque est une entité à capturer qui offre de multiples avantages à son porteur. Grâce à lui, le protagoniste monte rapidement l’échelle sociale. Mais où s’arrête la symbiose avec cet être étrange? Un récit intrigant qui questionne les limites de l’ambition.

Vo(i)lages – Françoise Grenier-Droesch

On assiste à un effeuillage durant lequel nous sommes voyeurs. Un texte sensuel dans lequel la victime n’est pas celle que l’on croit.

Piratages – Cancereugène

Un hacker se fait attaquer par un ninja et une médium. Comme la victime est muette (littéralement), le duo d’assaillants va tenter une autre approche : ils vont « hacker » son cerveau pour trouver les informations nécessaires. J’ai beaucoup aimé cette part de magie qui révèle des souvenirs enfuis chez chacun. La peur sert de déclencheur, mais la faiblesse y deviendra une force insoupçonnée.

Alice est morte – Murphy Myers

Alice visite une part de son passé. Ceci est l’histoire d’un traumatisme qui appelle la vengeance, par tous les moyens. C’est le récit de la mort de l’innocence.

Who owns the night – Dola Rosselet

On suit un enquêteur de l’occulte qui ne parvient pas à résoudre une série de meurtres obscurs et sanglants. J’ai beaucoup aimé le personnage  à la calèche, sorte d’esprit de la ville personnifié. Jusqu’où est prêt à aller l’enquêteur pour résoudre son mystère?

L’Arachnide de Tixchihuetzotl – Addirittura Khelgacbo

Un archéologue ramène une étrange plante d’expédition, les comportements de celle-ci évoluent de façon inquiétante. À ne pas lire à côté de votre plante d’appartement ! 😀

La Mort à mes pieds – Sarah Buschmann

Mon autre nouvelle préférée ! Un récit qui commence tout en tendresse, avec un jeune homme qui vient parler à sa mère sur sa tombe alors qu’il vient d’apprendre qu’il a un cancer. À chaque visite, il se montre un peu plus dépressif et aigri de la vie. Le final est juste magistral, âme sensible s’abstenir !

30 centimes – Steve Martins

Un homme achète son paquet de cigarettes à son endroit habituel et il lui manque 30 cents. Le guichetier accepte de lui prêter la somme, mais il demande des intérêts. Croyant à une blague, le protagoniste accepte… sans se douter qu’il vient de s’empêtrer dans un cercle sans fin. L’argent et les dettes sont au centre de cette nouvelle, ainsi que les habitudes qui ont la vie dure.

L’écrivain – Ky’

Un poète souffre mille tortures car il ne parvient pas à écrire un poème pour Lilith. Une ode à la page blanche, tout en poésie et en calvaire.

Trou de ver – Renaud Bernard

On est dans un récit de science-fiction : les hommes vivent sur un vaisseau vivant qui doit les emmener à une destination précise. Étant donné que le voyage s’étend sur plusieurs générations, les us et coutumes de la société ont bien évolué. J’ai trouvé très intéressant de connaître ces nouveaux modes de vie, surtout développé par l’auteur au niveau de la place de la sexualité. Celle-ci prend une importance particulière lorsque le vaisseau sera en danger.

Le Corbillard rose – Jean-Marc Mouiller

La perte d’un enfant est le thème central de la nouvelle. Le père découvre un livre de Oui-Oui étrange, qui ressemble à une parodie noire du vrai et dont tous les précédents acquéreurs (tous des enfants) sont morts de maladie. Alors, véritable malédiction ou folie d’un père rongé par le désespoir?

Tranches de vie – Édith Perro

Une dystopie dans laquelle il est possible de vendre ses organes contre de l’argent. Le père du protagoniste n’hésite pas à le faire pour offrir une vie meilleure à ses enfants. Mais à quoi s’est-il engagé réellement? Un récit alarmant sur les dérives de la société.

Le Vieux Roger – Florence Barrier

Un vieux monsieur râleur inspecte son immeuble pour voir si ces voisins n’ont pas commis d’infractions au règlement d’ordre intérieur. Une routine drôle à suivre, on s’attacherait presque à ce personnage si antipathique et le final est juste parfait !

Conclusion

Un excellent premier recueil, qui regroupe 19 auteurs aux univers et styles variés pour 19 textes courts (voire très courts) de qualité. Chaque nouvelle montre une vision du reflet, de l’ombre qui se tapit en chacun de nous et ce fut un plaisir que de toutes les parcourir ! Attention, la plupart des nouvelles sont destinées à un public averti.

EXTRA !

 

 

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Madelyn, du blog Les Livres Enchantés

Bonjour les lecteurs,

J’ai récemment lu une Anthologie nommée Ombres, premier ouvrage de la maison d’édition Les Ombres d’Elyranthe. C’est tout d’abord la magnifique couverture d’Ombres qui m’a attirée, avec un miroir assez particulier ; l’image qu’il nous renvoie est floue, déformée… En parfaite adéquation avec les récits présentés dans cette anthologie.

J’ai apprécié le fait qu’au début de chaque nouvelle, il y ait un petit mot de l’auteur qui nous en dit un peu plus sur son histoire, sur ce qui lui a donné envie d’écrire cette nouvelle…

J’ai aimé les thématiques mises en scènes, les émotions diverses et variées qu’elles m’ont fait ressentir comme le malaise, l’incrédulité, le dégoût… Je suis bien contente d’avoir lu ce recueil en période automnale, bien propice à ce genre de lectures.

J’ai lu cette Anthologie au gré de mes envies, une nouvelle par-ci, deux autres par là. Le format nouvelle est vraiment très pratique, parce qu’on peut facilement en dévorer une en quelques minutes et ne pas éprouver de frustration à devoir s’arrêter en cours de lecture.

Passons maintenant au vif du sujet, les nouvelles. Je n’ai jamais chroniqué ce type d’ouvrages alors je vais faire mon possible pour vous parler de chaque nouvelle sans trop vous en dire.

 

Monstres & Cie – Silence
Une famille a passé commande d’un Monstre et attend avec impatience la livraison de ce dernier.

Quelle claque pour cette première nouvelle qui m’a complètement surprise. C’est assez déroutant et assez malsain, mais tellement bon !

Sept heures a disparu – Catherine Robert
Nous allons suivre l’histoire d’un homme ayant un problème avec le Temps.

Ce récit m’a particulièrement fait flipper car je n’aimerais vraiment pas me retrouver à la place du personnage. Un climat de malaise, de folie et de totale incompréhension s’installe. Quelle angoisse !

Aquariophilie – Lester L. Gore
Un homme se doit de découvrir ce qui est arrivé à un ancien collègue, dérangé et passionné par la vie aquatique…

Cette nouvelle est ma préférée, j’ai adoré le contexte et la vision de cet homme étrange. Elle est tellement addictive, originale et sombre. Son aspect fantastique m’a complètement conquise ! 

Claustrophobia – Zaroff 
Comme son nom le laisse entendre, cette nouvelle va parler de Claustrophobie. Une femme nous raconte comment son époux est devenu claustrophobe.

Il s’agit d’un récit court et angoissant, qui m’a mis mal à l’aise.

Tuer la mère – Marie Latour 
L’histoire d’un fils ayant tué sa mère oppressante qui continue de l’être bien après sa mort.

Cette histoire était sanglante et sombre, exquise et terriblement angoissante. Est-ce du Fantastique ou bien l’esprit torturé et dérangé de notre protagoniste qui s’exprime ? 

Corpus Christi – Philippe Blähm 

C’est l’histoire de deux enfants qui découvrent la religion.

Je me suis demandée quelle tournure allait prendre le récit et j’avoue que la fin où le Fantastique prend place, m’a complètement surprise. 

Les Masques de Carmina – Henri Bé 
Dans la ville de Carmina, des masques dansent la nuit au-dessus des marais. Une fois le masque attrapé, celui qui le porte va voir sa vie changer. Notre personnage va voir sa vie basculer suite à l’appropriation d’un de ces mystérieux masques…

Une nouvelle sombre au rythme effréné dont les rebondissement sont surprenants et totalement inattendus.

Vo(i)lages – Françoise Grenier-Droesch 
Une jeune femme se dévoile aux yeux de nombreux voyeurs.

Une nouvelle très sensuelle nous est présenté ici et la chute de celle-ci est tellement inédite et très bien trouvée. J’ai adoré !

Piratages – Cancereugène 
Une médium et un ninja vont pirater l’esprit d’un hacker.

Se voir hacker son esprit est assez angoissant je dois dire. Tous ses souvenirs et ses pensées, même les plus sombres, mises à nues… Déroutant et excellent !

Alice est morte – Murphy Myers 
Nous découvrons l’histoire d’Alice qui retourne après de nombreuses années dans la maison de son enfance où les souvenirs la submergent. 

Cette nouvelle est une de mes favorites. J’ai adoré son côté sombre et malsain, la mort d’une part de soi qui peut changer une personne à jamais…

Who owns the night – Dola Rosselet 
Un homme enquête sur la mort malsaine et obscure d’une femme dans un Londres où la sorcellerie est courante. 

J’ai apprécié cette nouvelle très complète et intrigante. L’ambiance qui s’en dégage est sombre et mystérieuse. J’aurais adoré en lire davantage tellement l’intrigue est prenante et la plume envoûtante.

L’Arachnide de Tixchihuetzotl – Addirittura Khelgacbo 
Un archéologue nous parle d’une de ces récentes découvertes, une créature aux propriétés extraordinaires et quelques peu inquiétantes.

J’ai tout simplement adoré cette histoire raconté comme une sorte de journal intime. La plume de l’auteur m’a tenu en haleine dès le départ et j’ai dévoré cette histoire en quelques minutes. La découverte de l’archéologue est surprenante et ses capacités m’ont bien fait flipper ! 

La Mort à mes pieds – Sarah Buschmann 
Un homme malade vient passer du temps sur la tombe de sa défunte mère, seule personne à qui il désire et ose se confier. 

Il s’agit ici d’une de mes nouvelles préférées. Au premier abord, cette nouvelle semble douce et émouvante. C’était avant que le côté sombre et macabre de l’histoire s’installe. Cette nouvelle m’a beaucoup plu, son atmosphère sombre et gore y sont pour beaucoup. 

30 centimes – Steve Martins 
Voici le récit d’un homme qui, comme chaque semaine, va acheter ses cigarettes dans son bureau de tabac habituel. Malheureusement, il lui manque de la monnaie, 30 centimes exactement. Le nouveau buraliste accepte de lui faire crédit moyennant des intérêts…

Une nouvelle à l’intrigue assez banale me direz-vous. Peut-être au départ mais ce sentiment ne reste pas. Un buraliste proche de ses sous, un homme qui déteste bouleverser ses habitudes et voici une nouvelle pour le moins étonnante !

L’écrivain – Ky’ 
Voici l’histoire d’un écrivain et de ses démons qui se retrouve face à une page blanche…

Une nouvelle courte et percutante dans laquelle un écrivain se retrouve face au problème de la page blanche. Ce récit est sublimé par la magnifique plume de l’auteur. 

Trou de ver – Renaud Bernard 
Les habitants d’un vaisseau spatial font face à un trou de ver…

Dans cette nouvelle, la sexualité tient une place importante et je peux clairement dire que je ne m’attendais pas du tout à cette chute que j’ai trouvé osé et atypique.

Le Corbillard rose – Jean-Marc Mouiller 
Un père, en deuil de son enfant, enquête sur un étrange livre…

Au départ, j’avoue avoir eu du mal avec cette nouvelle à cause de la façon de s’exprimer du personnage principal. Après quelques pages, j’étais captivée par ce récit assez angoissant s’il était réel à l’ambiance froide.

Tranches de vie – Edith Perro 
Découvrez un monde macabre où il est possible de vendre ses organes de son vivant pour gagner de l’argent.

Dérangeant, n’est-ce pas ? Un récit qui pousse à la réflexion sur les déviances actuelles. Cette nouvelle est sombre et malsaine, certes, mais tellement addictive.

Le Vieux Roger – Florence Barrier 
Voici l’histoire de Roger, une vieil homme qui comme chaque soir réalise l’inspection de son immeuble pour voir si tout est en ordre.

J’ai beaucoup aimé le personnage du vieux Roger, détestable et tatillon au possible mais également attachant. L’histoire m’a fait sourire de nombreuses fois et le final est tout simplement génial !

En bref, je suis ravie d’avoir pu découvrir cette fabuleuse anthologie, pleine d’ombres et d’originalité. Au gré des nouvelles, j’ai découvert de très bons auteurs aux plumes envoûtantes. Malsain, macabre, noirceur, déroute… Tant d’émotions qui m’ont fait passer un excellent moment en compagnie de personnages complètement déjantés ! 

Un immense merci aux éditions Les Ombres d’Elyranthe pour cet envoi et cette magnifique découverte.

 

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Emma/Krokette sur Instagram

Terminé à l’instant, le recueil de nouvelles « Ombres » édité par Les Ombres d’Elyranthe. Une anthologie vraiment idéale pour la saison. Je ne sais pas pour vous mais pour moi, l’automne rime avec lectures qui font peur (sûrement à cause d’Halloween) et pour le coup, j’ai été agréablement surprise par « Ombres » sur les 19 nouvelles , seulement deux ne m’ont pas plus (trop Fantasy pour moi) mais cela ne m’a pas empêché de passer un très bon moment avec ces 19 auteurs si différents et pourtant si semblables car unis par l’ombre qui habite leur plume.
Et que dire de la couverture de cette ouvrage ? Un vrai bijou. (Le miroir est un vrai miroir)

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Marie, du blog Le Monde de Marie

 

 

Une lecture idéale pour démarrer l’automne. Période où les ombres envahissent de plus en plus notre quotidien. Parce que le noir arrive plus vite et qu’on aime s’installer dans son fauteuil pour bouquiner avec juste la lueur d’une chandelle et une bonne tasse de thé.
Un recueil de 19 nouvelles. 19 auteurs qui nous emportent dans leurs univers. Toutes différentes, certaines vous parleront plus que d’autres et feront naître en vous des sentiments divers et variés.
On y rencontre une flopée de protagonistes. On y vit des aventures qui reflètent la peur, l’angoisse, la détresse. Une anthologie qui démarre en beauté avec une nouvelle tout aussi horrible que jouissive. Très souvent, j’ai été surprise par les chemins empruntés mais surtout par des dénouements totalement inattendus.
C’est original, horrifiant, dérangeant, prenant. Un bel ensemble qui m’a fait passer un bon moment de lecture.

Ma note : 💗💗💗💗

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Mélanie, du blog Mél'lectures

 

Ombres et lumières.


Dans ce recueil 19 textes attendent de nous faire pénétrer dans leur monde . 19 textes , 19 reflets d'une humanité parfois mise à mal.

Lire un recueil de nouvelles regroupant des textes de plusieurs auteurs est toujours un pari risqué. En effet même si dans le cadre d'un recueil toutes les nouvelles sont plus ou moins liées par un thème ou une atmosphère bien spécifique le livre peut manquer en fluidité , le passage d'un texte à l'autre pouvant provoquer un léger décrochage qui peut nuire à la lecture et nous couper du livre. Le changement d'auteur de texte en texte peut aussi amener à être parfois déstabilisé par le changement de style d'écriture ou par la façon de raconter une histoire.
C'est pour cette raison qu'en général je préfère lire des recueils de nouvelles d'un même auteur et pourtant lorsque j'ai vu celui ci je n'ai pu résister.

J'ai tout d'abord été intriguée par sa couverture , ce miroir qui nous met face à une certaine vision de nous mêmes. C'est ce qui m'a donné envie de découvrir ce livre , de voir si vraiment les textes qui le composent allaient me provoquer ce même effet de mise en abîme.

Dès le premier texte, "Monstres & Cie" de Silence, j'ai compris que j'avais bien fait de m'intéresser à ce livre. Cette nouvelle qui est sans conteste l'une de mes préférées du recueil nous présente un monstre bien singulier. Ce texte à la fois surprenant et cruel nous met face à une facette peu reluisante de nous mêmes.

Les textes suivants abordent quant à eux tour à tour notre rapport au temps qui passe et à notre vie qui s'écoule sans que l'on ne puisse rien à y faire , la maladie, celle qui nous dévore , brutale et fatale , notre rapport à l'autre dans ce qu'il a de beau et de moins  beau , à ce qu'il nous renvoie de nous mêmes . Ces textes abordent aussi notre rapport à nos peurs , nos démons intérieurs, ceux qui influent sur la personne que l'on est. Il nous montre que nous sommes un assemblage de facettes parfois bien différentes.

Outre " Monstres et Cie" , trois nouvelles m'ont particulièrement marquée.

Tout d'abord "Alice est morte" de Murphy Myers. J'ai déjà eu l'occasion de lire plusieurs de ses textes et j'ai retrouvé ici tout ce qui me plaît dans ses textes. Une plume forte , sans concession, des mots qui nous heurtent et nous touchent. Un texte puissant qui en quelques pages à peine nous remue au plus profond de nous mêmes.

Ensuite "Who owns the night" de Dola Rosselet qui nous entraîne dans les méandres londoniens et surtout dans les méandres de l'esprit d'un enquêteur mis à mal par la réalité des choses. Une nouvelle assez intrigante qui a tout à fait le potentiel d'un roman . Je serais bien restée plus longtemps à Londres.

Et enfin "Tranches de vies" d'Édith Perro. Ce texte pose la question de la marchandisation de l'humain, de ce que l'on est prêt à faire pour survivre. Il dénote une certaine inéluctabilité qui fait froid dans le dos.

 
Je ne vous en dirai pas plus sur les autres textes car je préfère vous laisser les découvrir par vous mêmes. Mais si j'ai une seule chose à dire c'est que comme je l'ai imaginé en voyant la couverture chaque texte nous met face à nous mêmes, ce qui nous rend humain, nos failles, nos faiblesses , nos choix et nos doutes. Tantôt très réalistes tantôt plus plus subjectifs ils évoquent tous en nous des sentiments, parfois ambivalents , parfois contradictoires mais toujours profondément humains.

 
Un recueil réussi qui évite les écueils et qui le temps d'un peu plus de 200 pages nous tend un miroir pour observer les reflets d'une humanité mise à mal.

 

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Serge Rollet, du blog SFF

 

Un nouvel éditeur vient de faire paraître une première anthologie consacrée aux genres de l'imaginaire. Il s'agit des « Ombres d'Élyranthe », une petite association franco-belge gérée de main de maître(sses) par deux autrices issues du forum l' « Écritoire des Ombres ». Lester L, Gore m'a fait parvenir un exemplaire de ce recueil afin que j'en dise quelques mots. Je vais donc commencer, de façon exceptionnelle, par l'aspect extérieur de l'objet.

Je fais en effet partie de cette catégorie de lecteurs qui ne se laissent pas influencer par l'illustration de couverture, et pour tout dire, je préfère les éditions de poche anciennes, moins tapageuses et uniformisées que celles d'aujourd'hui. Parlez-moi plutôt des vieux « J'Ai Lu », avec les illustrations nébuleuses et quasi abstraites de Tibor Csernus, ou des Fleuve Noir avec les couvertures si sexy de Gourdon ! Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'édition de l'imaginaire tape dans un stock inépuisable de dessins assistés par informatique comportant obligatoirement des bogoss musculeux et des dragons évoquant davantage le carton-pâte que les forces élémentaires de la nature.

Les « Ombres d'Élyranthe » proposent donc un bel objet, de format agréable, pourvu d'une couverture originale. Il s'agit en fait d'un véritable miroir dépoli, qui tranche sur le fond sombre, entouré de l'image d'un cadre baroque du plus bel effet. J'avoue que l'effet d'ensemble est attirant, et intriguant. Mais, comme disent les Anglais, on ne juge pas un livre à sa couverture.

Alors, « Ombres » est un bel exemple du dynamisme et de la diversité des auteurs français, loin de l'uniformisation commerciale que l'on retrouve dans les catalogues des « grands » éditeurs, et donc sur les tables des libraires. Science-fiction option « space opera érotique » (remarquable « Trou de Ver »), allégorie poétique à la Chambers (« Les Masques de Carmina », « L'écrivain »), thématique lovecraftienne (« Aquariophilie »), humour sombre (« le Vieux Roger »), tous les genres, tous les aspects des littératures de l'imaginaire sont représentés dans cette anthologie, si bien qu'il est très difficile de les citer tous. À noter aussi que les nouvelles sont toutes assez courtes, ce qui ajoute encore à la variété de l'ouvrage. Ainsi, chacun trouvera son bonheur, selon le genre ou le style qu'il préfère, parmi les dix-neuf nouvelles qui composent « Ombres ».

Enfin, une préface de Ludovic Païni-Kaffin et une présentation des auteurs parachèvent un recueil bien sympathique et hautement recommandable.

 

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Cancereugène, du blog L'Antre de Cancereugène

 

Les Ombres d'Élyranthe, maison d'édition fraîchement créée, sort son premier bébé, et quel beau bébé᠎ ᠎᠎᠎᠎‮‮‮⁤‮‮!
Je suis très fier d'y figurer, en page 73, mon année de naissance (un signe ?), entre Françoise Grenier, archi-multi-publiée et Murphy Myers.
La plupart des auteurs proviennent du forum "l'écritoire des ombres", que vous trouverez en lien sur ce blog.
Que du bon !

Mais observons plutôt le contenu :

1) Monstres & Cie - Silence

Silence est auteur trop rare. Surbooké par ses obligations professionnelles, il ne propose que quelques textes, mais à chaque fois, c'est un peu la claque ! Ce Monstres et compagnie ne déroge pas à la règle. Je ne dis rien, la surprise n'en sera que meilleure. Allez, juste un mot, avec une idée génial qu'il exploite à merveille en quelques pages, il sèche son lecteur sur place.

2) Sept heures a disparu - Catherine Robert

L'auteure de Greta chez Trash nous propose ici une science-fiction très sage dans la lignée d'un jour sans fin (mais avec une histoire qui n'a rien à voir, hein !) et quand je dis sage, je ne dis pas que tout va bien se passer. Au contraire. De l'insolite très bien ficelé.

3) Aquariophilie - Lester L.Gore

Voici une très bonne idée, formidablement contée, dans un univers un peu Lovecraftien, mais pas trop. Le dénouement est terrible. Une excellente nouvelle.

4) Claustrophobia - Zaroff

Encore une superbe idée. Un homme devient soudainement claustrophobe dans sa propre chambre à coucher. Sa peur semble irrationnelle, c'est le principe de la phobie. Sa femme cherche à comprendre. Superbe chute.

5) Tuer la mère - Marie Latour

Sur fond d'humour noir avec ambiance conte de la crypte, Marie Latour nous conte les rapports conflictuels entre un fils et sa môman. J'ai un peu pensé à Poe, dans cette façon de voir resurgir l'horreur, mais avec l'humour en plus ! Bien joué.

6) Corpus Christi - Philippe Blähm

Dans ce court récit, Philippe Blähm nous raconte son interprétation du "corps du Christ" ; tout est dans le titre, en effet. J'ai bien cherché, mais si j'en dis davantage, je risque de spoiler, donc à vous de savourer ce récit espiègle au dénouement étonnant.

7) Les masques de Carmina - Henri Bé

Encore une très bonne idée. Immergé dans une sorte de fantasy très "conte de fées", Henri Bé nous conte l'histoire d'un homme qui porte un masque. Celui-ci n'est visible d'aucun autre porteur de masque, mais il s'adapte à l'évolution de la mentalité de son porteur. Superbement contée, cette histoire est passionnante, et d'une moralité certes classique, mais pertinente.

8) Vo(i)lages - Françoise Grenier-Droesch

Un corps se dénude et attire la convoitise d'êtres malsains, dont je ne dévoilerait bien entendu jamais la nature, même sous la torture. Un très court récit sensuel, et sanguin !

9) Piratages - Cancereugène

Que dire de ce récit, si ce n'est qu'il vient d'une situation a priori humoristique - à savoir, l'interrogatoire musclé d'un... muet. Le reste est centrée sur une communication spirituelle très binaire...

10) Alice est morte - Murphy Myers

Alice retourne dans la maison de son enfance, et laisse resurgir le passé... un passé pas toujours rose, on s'en doute ! L'atmosphère s'alourdit au fil des pages, les blessures de l'enfance ne se referment jamais vraiment. Beaucoup d'émotion et d'amertume.

11) Who owns the night - Dola Rosselet

Londres, époque victorienne, ambiance crépusculaire et gothique, théâtre de crimes sanglants près des eaux noires de la Tamise. Le cadre est posé, le lecteur peut suivre cette enquête surnaturelle vraiment accrocheuse.

12) L'Arachnide de Tixchihuetzolt - Addirittura Khelgaěbo

Un archéologue se rend dans des ruines incas à la recherche d'un organisme étonnant... la fameuse Arachnide de Tixchihuetzolt. L'amour des noms tordus de l'auteur s'accorde avec la nature également tordue de cet organisme pas tout à fait insectoïde...

13) La Mort à mes pieds - Sarah Buschmann

Depuis qu'il est malade, Jean se rend quotidiennement au cimetière pour évoquer à sa mère défunte ses angoisses. La mort le menace tellement qu'il a besoin de renouer ce contact outre-tombe. L'émotion est au rendez-vous, jusqu'à un dénouement qui laisse un goût étrange en bouche...

14) 30 centimes - Steve Martins

Un type ordinaire contracte une dette de 30 centimes auprès de son buraliste préféré, et n'en finit plus de la rembourser. C'est quoi cette arnaque ? Excellent récit à l'ambiance très 4ème dimension...

15) L'Écrivain - Ky'

L'angoisse de la page blanche... Ky' ne l'a pas rencontrée puisque ce récit existe. N'empêche, cela doit faire partie de ses angoisses, car elle nous transmets cette frousse irrationnelle en quelques pages inspirées.

16) Trou de ver - Renaud Bernard

Le voyage interstellaire n'est pas forcément dénué de distractions, et les habitants de cette arche vivante abritant en son sein des milliers d'humains, en partance pour une contrée lointaine à travers l'espace, s'occupe essentiellement avec leur sexe. Jusqu'au moment où décision est prise de créer un trou de ver pour échapper à l'emprise d'un trou noir... un fabuleux space opéra...

17) Le Corbillard rose - Jean-Marc Mouiller

Le Corbillard rose, c'est le titre du bouquin que lisait la fille du narrateur avant de choper une leucémie. Quelques indices vont le conduire à suspecter une machination à plus grande échelle. Une enquête en forme d'impossible deuil, un style très détendu pour une histoire au final plutôt émotionnelle.

18) Tranches de vie - Edith Perro

En quelques pages, Edith Perro nous dresse une dystopie où les humains dits "défavorisés" n'ont plus de valeur sociale de celle de leur chair. Un cauchemar fort bien mis en valeur par petites touches. Personne n'en sort grandi. En un mot : puissant.

19) Le Vieux Roger - Florence Barrier

Le vieux Roger est un être aigri, un emmerdeur de première, un irascible, jamais content, toujours dans la critique. Lors des vacances scolaires, il se réjouit du départ de ses voisins, au moins, il ne les entendra plus ! La SF est en filigrane pour servir ce portrait acide et corrosif, certes amusant, mais d'une saveur parfois amère... Très accrocheur, comme toujours avec cet auteur...

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Murphy, du blog Les Aventuriers de l'Imaginaire

 

Chroniquer une anthologie est toujours un casse-tête : parler de chaque nouvelle et pondre un texte sans fin que personne ne lira, ou donner un avis général, plus accessible mais bien moins complet ? La question est d'autant plus compliquée quand on parle d'une anthologie telle qu'Ombres où même les (rares) textes qui m'ont le moins parlé restent d'une excellente facture. J'opterai donc cette fois pour un détail complet, avec à chaque fois une phrase de résumé (parce que ça peut servir de savoir de quoi ça parle, accessoirement) sans spoiler et quelques lignes d'avis.

 
Monstres & Cie, de SILENCE : Une famille attend avec impatience la livraison du tout nouveau monstre qu’elle vient de s’acheter !

Une excellente entrée en matière, d'un auteur qu'on aimerait lire plus souvent et qui tape toujours juste. La narration nous entraîne dès le premier mot dans une ambiance conviviale et pourtant étrange. Il faut dire que de suivre une famille qui s'achète un monstre, un vrai !, ça n'arrive pas tous les jours. Il serait difficile d'en parler davantage sans gâcher la fin mais ce texte en surprendra plus d'un !

7 heures a disparu, de Catherine Robert : Difficile à résumer sans amoindrir le mystère et l’ambiance…Pour rester vague, on se penche ici sur une crainte universelle : la fuite du temps.

Ce texte-ci est un de mes petits préférés, étrange et angoissant à souhait. On joue sur une angoisse qui me parle beaucoup, il faut dire ; et le destin de ce personnage représente en soi l'un de mes pires cauchemars. En bonus, on finit une chute humoristique qui surprend tout en étant finalement on ne peut plus logique.

Aquariophilie, de Lester L. Gore : Un homme enquête sur l'étrange disparition d'un collègue excentrique...

Difficile d'en parler sans trop en dire ; on peut tout de même noter une ambiance sublime, digne d'un bon Lovecraft moderne, tout en efficacité et en étrangeté. L'auteur n'en est d'ailleurs pas à son premier essai ; on lui doit déjà d'autres recueils qui flirtent avec l'étrange, le mystère et l'effroi.

Claustrophobia, de Zaroff : Une femme tente de comprendre pourquoi son mari est devenu claustrophobe du jour au lendemain

Aussi court que mémorable, aussi simple que prenant, le fantastique se glisse tout en subtilité pour un résultat sobre et puissant. L'auteur m'avait habitué à des récits plus brutaux qui versaient dans le gore avec efficacité. Il prouve ici qu'il manie tout aussi bien les ambiances moins tachantes mais tout aussi angoissantes.

Tuer la mère, de Marie Latour : La relation toxique entre un fils et sa mère qui, décidément, ne se lasse pas de mourir

Un mot pour tout résumer : Wow ! Cette pépite est aussi drôle que glauque ; on suit avec plaisir cette relation toxique qui arrive à nous faire rire malgré une ambiance sinistre et des personnages particulièrement torturés, l'air de rien ! En bonus, on ne saura jamais si l'aspect surnaturel du récit est réel ou revient à une simple invention dans l'esprit malade du personnage central. Là encore, on tient une écrivain à suivre de près ; je le savais déjà mais cette nouvelle me le confirme à nouveau.

Corpus Christi, de Philippe Blähm : Une famille découvre une variante plutôt pragmatique de sa religion...

Le résumé n'est pas très parlant mais il serait difficile d'en dire plus sans tout spoiler de ce texte particulièrement court. J'avoue avoir été moins convaincu ici ; la faute à une thématique qui ne me parle pas, quand bien même elle est bien traitée. Malgré tout, l'idée est vraiment originale et j'apprécie son côté "4e dimension" vraiment bien mené.

Les masques de Carmina, de Henri Bé : À Carmina, des masques flottent la nuit au-dessus des marais; la légende veut que si on arrive à en "attraper" un pour le poser sur son visage, notre vie entière en sera métamorphosée...

J'adore ce concept de base, ces masques flottant comme des papillons. L'image et l'idée sont sublimes et, pour ne rien gâcher, la suite de l'histoire va crescendo, toujours dans cette ambiance de poésie noire qui me parle beaucoup. Il s'agit du genre d'histoires où on imaginerait facilement de nombreuses suites, tant l'univers entrevu semble intéressant. Mais on sait au fond qu'une suite amoindrirait tout l'impact de l'ambiance créée ici, entre fantasy et fable ; ce qui rend notre balade au cœur de Carmina d'autant plus précieuse.

Vo(i)lage, de Françoise Grenier-Droesch : Une bande de voyeurs, penchés à une fenêtre, dévorent des yeux l'habitante des lieux.

À nouveau, il serait difficile d'en dire plus : les auteurs des Ombres ont tous ce talent pour nous surprendre à un moment ou un autre de leur récit, si bien qu'il en devient difficile d'en parler tant on veut sauvegarder la surprise pour les futurs lecteurs.

Vo(i)lage est un texte original qui surprend beaucoup au début : on se demande parfois ce qui se passe vraiment, certaines actions nous paraissant étranges. Puis, tout s'explique soudain à quelques lignes de la fin et tout nous parait d'un coup tellement évident ! L'autrice nous sert là un super jeu de manipulation comme je les aime. Pour donner une idée, bien que les deux histoires n'aient aucun point commun, ce procédé me rappelle beaucoup l'excellent Malpertuis de Jean Ray.

Piratages, de Cancereugène : Où on s'immisce dans la tête d'un homme muet pour lui soutirer des informations capitales...

Un de mes gros coups de cœur (de cette anthologie mais aussi toutes nouvelles confondues) : un texte original, prenant, intense ; quelques lignes suffisent pour animer un personnage avec plus de force que certaines sagas complètes. C'est la 2e fois que je lis ce texte, et la 2e fois que je m’arrête en pleine lecture en me disant « Bordel, si je pouvais pondre quelque chose ne serait-ce que moitié aussi bon que ça… ».

Alice est morte, de Murphy Myers : Alice, trentenaire, visite la maison abandonnée de son enfance et remonte le fil de ses souvenirs.

On me répète à l’oreillette que m’auto-chroniquer serait une pratique partiale et malhonnête. Soit… Je me contenterai donc ici de renouveler mon plaisir de figurer dans un tel recueil avec une histoire qui me tenait particulièrement à cœur.

Who owns the night, de Dola Rosselet : Dans un Londres où la sorcellerie est une chose banale, une série de meurtres terrorise la population.

Une ambiance fantasy urbaine victorienne comme je les aime ; j’imaginerais sans mal une suite à cette histoire tant son univers me parait riche, mystérieux et intéressant. D’ailleurs, n’y-a-t-il pas déjà quelques textes reliés à celui-là dans le sac de cette autrice de talent ? Si oui, il me les faut absolument ! Entre légendes classiques remises au goût du jour et inventions de l'autrice elle-même, on plonge dans une ambiance tout simplement géniale.

L’arachnide de Tixchihuetzotl, de Addirittura Khelgacbo : Un chercheur nous raconte sa dernière découverte, pour le moins étonnante.

Une nouvelle immersion dans une ambiance Lovecraftienne en toute simplicité et efficacité. On peut regretter la brièveté du récit, plein de potentiel pour déployer un univers complet, mais c’est aussi ce qui fait son charme et son mystère : en dévoiler davantage aurait enlever à la puissance du récit.

La mort à mes pieds, de Sarah Buschmann : Un homme essaie d'accepter le cancer qui le ronge en se confiant à la tombe de sa mère, morte elle-même d'un cancer.

Piratages me fout des complexes d’écrivain, comme dit plus haut. La mort à mes pieds aussi ! Un personnage tragique et une relation par-delà la mort vraiment intense, servie par une narration précise et parfaite, sans fioritures inutiles. Le genre de texte que j’aimerais avoir écrit, et qui vous hante encore longtemps après sa lecture. Il s'agit d'un de mes 3 gros coups de cœur de cette anthologie.

30 centimes, de Steve Martins : Un homme, en manque de monnaie, parvient à s'acheter ses cigarettes de la semaine en promettant au buraliste de payer sa dette à son prochain passage.

Une dette de 30 centimes, c'est bien peu de chose, non ? C'est sans compter sur la logique impitoyable d'un auteur tel que Steve Martins. On revient ici à une ambiance 4e dimension (récurrente dans ce recueil, pour mon plus grand plaisir). Ici, l’absurde envahit le quotidien d’un personnage amoureux fou de sa routine de vie (point auquel je m’identifie totalement !). 30 centimes prouve qu’une idée simple et sans complication inutile peut donner un résultat renversant. J’ai adoré cette découverte d’un auteur qui, décidément, me surprendra toujours par la variété et la qualité de ses ambiances.

L’écrivain, de Ky' : Un écrivain lutte contre l'enfer de la page blanche... littéralement !

C'est l'un des textes les plus courts de l'anthologie, il serait donc difficile d'en parler sans trop en dire. On plonge dans un fantastique assumé qui parlera forcément à tous les auteurs : comment faire quand l'enfer de la page blanche est un enfer bien réel ? Les auteurs des Ombres aiment définitivement prendre certaines expressions et thématiques au pied de la lettre ; et le résultat est toujours plaisant à l'arrivée.

Trou de ver, de Renaud Bernard : Où les habitants d'un vaisseau spatial doivent provoquer un trou de ver pour sortir d'une zone dangereuse.

Un brin de SF qui varie les ambiances (il y avait déjà Piratages dans ce genre, mais ici on parle de hard SF). De la SF érotique, en plus ! Histoire de montrer que, même en arrivant vers ses dernières pages, Ombres nous réserve toujours des surprises. Si ce texte n’est pas mon préféré de la fournée, force est de constater qu’il se lit avec autant d’avidité et de plaisir que ses confrères. L'auteur est de ceux qui ne laissent aucun mot au hasard et qui construisent des univers complets avec une facilité déconcertante.

Le corbillard rose, de Jean-Marc Mouiller : Et si le nouveau livre Oui-Oui que vous achetez à votre enfant provoquait sa mort ?

3e gros coup de cœur avec ce texte au narrateur parfait et à l’ambiance subtile et sinistre. La fin se dessine un peu en avance et retire un peu de la surprise finale mais, franchement, peu importe : le concept est là, original et prenant ; le personnage est là, plus vrai que nature ; l’ambiance est là : glaçante et pourtant minimaliste quant aux horreurs décrites. J’ai eu une petite pensée pour Candle cove, une Creepypasta que j’adore (peut-être ma préférée), mais Le corbillard rose possède sa propre aura, à la fois innocente et dérangeante, que je ne manquerais pas de savourer lors de futures relectures.

Tranches de vie, d'Edith Perro : Un monde où le don d'organes devient la norme... jusqu'à l'extrême.

Vous reprendrez bien un peu de SF ? Ici, entre anticipation et fable sociale, on découvre un nouveau monde glaçant. Le don d'organes est une excellente chose et on pourrait penser qu'un monde qui privilégie cette pratique ne peut qu'aller vers le meilleur. C'est sans compter sur l'autrice de talent qu'est Edith Perro ! On plonge ici au cœur d'un monde noir, corrompu, dominé par les intérêts des plus forts, qui broie ceux qui ne sont pas de taille. On me dit dans l'oreillette qu'un tel monde existe déjà et s'appelle "Réalité". Tranches de vie dépeint tout de même un monde unique en son genre, volontairement caricatural mais pourtant si réaliste ; et c'est justement ce qui le rend si puissant.

Le vieux Roger, de Florence Barrier : Où on suit ce cher vieux Roger, voisin détestable à souhait, qui commence l'inspection de son immeuble comme chaque soir...

On finit sur un excellent texte, qui surprend de prime abord : comédie cynique sur un personnage aussi drôle que haïssable, on en vient à se demander quand l'histoire va glisser dans l'imaginaire, et par quel biais (fantastique ? SF ? horreur ?). On finit par comprendre où l'autrice veut nous mener et on commence à sourire, non plus à cause de cet abject personnage (qu'on plaindrait presque, malgré tout ; le mot important ici étant "presque"), mais parce qu'on entrevoit comment le texte va finir. Et malgré ça, quand on arrive à la dernière ligne, on ne peut s'empêcher de rire face à l'ironie de la situation. Ce vieux Roger restera dans ma mémoire, ça c'est certain !

 

On l'aura compris, Ombres est un véritable coup de cœur, sans doute la première anthologie qui place la barre aussi haut (en temps normal, il y a quelques textes excellents et une grande majorité de bons textes qui ne me marquent pas forcément sur la longueur ; ici, c'est l'inverse). Il faut dire que les éditeurs ont pu piocher dans le meilleur de chaque auteur et que l'objet livre en lui-même a été conçu avec autant de soins. Je précise enfin que, si je connais virtuellement la plupart des auteurs de cette anthologie, cela n'a aucune influence sur mon avis : si je n'avais pas vraiment aimé, j'aurais pu m'abstenir de faire ma chronique, tout simplement. De même, si je n'avais pas tant à dire sur chaque texte, je vous aurais évité un tel pavé qui détaille une à une chaque nouvelle. En bref, Ombres est l'une de mes meilleures lectures 2018 et j'attends avec impatience la prochaine sortie d'Elyranthe !